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BLOG emilie arfeuil photographe
5 octobre 2011

RELIQUES: Louba

Depuis le mois d'Août, je travaille sur une nouvelle série intitulée "Reliques". J'ai réalisé un portrait par jour d'un résident en maison de retraite en lui demandant de me parler de l'objet qui lui tient le plus à coeur, dans différentes maisons entre Marseille, Montpellier et Clermont-Ferrand.

Ce projet a pour but de mettre en valeur la part indestructible de mémoire et d’intimité de l’être humain qu'il conserve jusqu‘en fin de vie dans des conditions plus ou moins hostiles. Malgré la dépendance physique, la vieillesse et le détachement matériel qui accompagne ceux qui vivent en maison de retraite, la mémoire résiste à travers peu de choses, un simple objet qui rappelle des souvenirs et auquel on se raccroche.

J'ai pris le temps d'un vraie rencontre et d'un partage avec des personnes incroyables et si différentes. Voici un extrait de cette nouvelle série.

 

LOUBA
Née en 1922 à Petrousk en Russie.
En maison de retraite à Marseille depuis 2010 à la suite d’un AVC qui l'a placée en fauteuil roulant et l'a rendue physiquement dépendante.

louba (1) [1600x1200]

Alors qu'elle n‘a que 2 ans, ses parents fuient les révolutions russes et se réfugient en Iran. Louba fait ses études à l’école française et travaille ensuite comme secrétaire de direction bilingue russo-français. Elle quitte Téhéran en 1980, lors de l’instauration de la République islamique et du Hezbollah: « je n’y retournerais jamais, c’était invivable. (…) Nous sommes passées du bikini au tchador!  (…) Je suis allée de révolutions en révolutions! ».
    « Avec toutes ses révolutions, j’ai laissé beaucoup d’objets auxquels je tenais ». Dans sa chambre elle a très peu de choses, des bibelots et icônes russes récentes offertes par sa famille et quelques cosmétiques pour conserver sa coquetterie. « Quand je suis venue dans cette maison, j'ai tout laissé à mes enfants, toutes les choses auxquelles je tenais, tout ce que j'avais comme souvenirs je ne les ai plus. Dans une chambre, je ne pouvais pas apporter toutes les choses auxquelles je suis attachée, de sorte que j'ai tout donné à mes enfants. C’est difficile de recréer toute une vie dans une petite chambre ».
    Malgré tout, elle garde toujours auprès d'elle un recueil de poésies de Pouchkine écrit en russe qui lui permet de renouer avec ses origines: « De toute ma vie, j‘ai toujours aimé la poésie, je crois que je suis née avec. (…) Ca c’est mon livre, j‘aime tout de Pouchkine (…) Pour moi un livre ça n'est pas un objet mais vraiment je crois que jusqu'à la fin je garderais ce livre là ».

louba (2) [1600x1200]

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